Récemment, j’ai souvent été interrogé sur la question : « Comment expliquer que tant de personnes soutiennent un dictateur et approuvent ses actions sans réserve ? » Cette problématique, largement explorée depuis la Seconde Guerre mondiale, a donné lieu à diverses hypothèses. Voici quatre raisons principales que je trouve particulièrement pertinentes, avec leurs parallèles dans le monde des organisations et les conséquences néfastes associées :

1. Le pouvoir de la propagande et la manipulation de l’information en entreprise

Les individus acceptent souvent toute information qui justifie et exonère leurs actions, indépendamment de sa véracité. Les êtres humains ont un besoin fondamental d’appartenir à un groupe, qu’il soit national ou ethnique. Lorsque le leader d’un groupe commet des injustices graves, les membres peuvent ressentir culpabilité et complicité. Pour se protéger, ils acceptent toute forme de désinformation qui légitime ces actes. De manière similaire, dans les organisations, une communication biaisée ou manipulée peut pousser les employés à soutenir des décisions controversées pour préserver leur position ou leur réputation. Conséquences néfastes : Cette manipulation peut entraîner un manque de transparence, une perte de confiance et une culture de méfiance, compromettant ainsi l’intégrité et la cohésion de l’organisation.

2. Attachement aux figures autoritaires et leadership en milieu professionnel

L’ancienne génération soviétique avait tendance à transférer son attachement parental à des figures puissantes comme un dictateur, qui endosse alors un rôle quasi-parental. À l’époque soviétique, les enfants étaient souvent privés de soins parentaux en raison de l’industrialisation intense, avec des parents travaillant sans relâche et des enfants placés dans des crèches spécialisées. Cette structure a renforcé une culture d’obéissance hiérarchique. Dans les organisations, les employés peuvent développer un attachement aux dirigeants charismatiques ou autoritaires, influençant leur adhésion aux décisions et politiques de l’entreprise. Conséquences néfastes : Cette dépendance peut mener à des décisions unilatérales, à une culture de l’acceptation passive et à un manque d’innovation, les idées divergentes étant souvent étouffées.

3. Réconfort dans l’obéissance et conformité organisationnelle

Obéir à des figures d’autorité comme les dictateurs peut offrir un réconfort psychologique, car cela transfère la responsabilité personnelle sur l’autorité, qui est alors tenue responsable en cas d’erreur. Ce phénomène se retrouve également dans les organisations où les employés se conforment aux directives d’un leader autoritaire pour éviter la responsabilité personnelle et se sentir en sécurité dans leurs rôles. Conséquences néfastes : Cette conformité peut engendrer une culture de la peur, où les employés hésitent à remettre en question les décisions, ce qui peut conduire à des erreurs non corrigées, une stagnation et un manque de responsabilité.

4. Empathie sélective et favoritisme en entreprise

Les régimes totalitaires utilisent souvent l’empathie sélective, en étendant la compassion uniquement à certains groupes tout en la refusant à d’autres. Cette pratique crée un contexte où les abus contre les groupes externes sont tolérés par le groupe interne sans objections morales. Dans les organisations, des dynamiques similaires peuvent se manifester lorsque certains employés ou départements reçoivent des faveurs tandis que d’autres sont négligés ou exclus. Conséquences néfastes : Ce favoritisme peut engendrer des tensions internes, créer un environnement toxique et démotiver les employés qui se sentent marginalisés ou sous-évalués. Cela peut également nuire à la performance globale et à la culture organisationnelle.


 

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Understanding Dictatorial Support and Its Impact on Organizational Dynamics

Recently, I’ve often been asked: “How is it possible for so many people to support a dictator and unconditionally endorse his actions?” This question has been thoroughly examined since World War II, leading to various hypotheses. Here are four key reasons I find particularly relevant, with parallels in organizational settings and their associated negative consequences:

1. The Power of Propaganda and Information Manipulation in Organizations

Individuals often accept any information that justifies and absolves their actions, regardless of its accuracy. Humans have an inherent need to belong to a group, whether national or ethnic. When a leader commits serious injustices, people may feel complicit and guilty. To protect themselves, they are inclined to accept any form of misinformation that legitimizes these actions. Similarly, in organizations, biased or manipulated communication can lead employees to support controversial decisions or policies to protect their own positions or reputations. Negative Consequences: This manipulation can result in a lack of transparency, erosion of trust, and a culture of suspicion, undermining the organization’s integrity and cohesion.

2. Attachment to Authoritarian Figures and Leadership in the Workplace

The older Soviet generation often transferred parental attachment to powerful figures like a dictator, who then assumed a quasi-parental role. In the early Soviet period, many children lacked parental care due to intense industrialization, with parents working tirelessly and children being placed in specialized nurseries. This environment reinforced a culture of hierarchical obedience. Similarly, in organizations, employees may develop attachment to charismatic or authoritarian leaders, influencing their adherence to organizational decisions and policies. Negative Consequences: This dependency can lead to unilateral decision-making, a culture of passive acceptance, and a lack of innovation, as divergent ideas may be suppressed.

3. Comfort in Obedience and Organizational Conformity

Obeying authority figures like dictators can provide psychological comfort by shifting personal responsibility onto the authority figure, who is then held accountable for any mistakes. This dynamic is not exclusive to political contexts; it also manifests in organizational settings where employees may defer to authoritative leaders, avoiding personal accountability and feeling secure in their roles. Negative Consequences: Such conformity can foster a culture of fear, where employees are reluctant to question decisions, leading to uncorrected errors, stagnation, and a lack of accountability.

4. Selective Empathy and Favoritism in the Workplace

Totalitarian regimes often employ selective empathy, extending compassion only to certain groups while denying it to others. This practice creates a context where abuses against outsiders are tolerated by the in-group without moral objections. Similarly, in the corporate world, favoritism towards certain employees or departments while neglecting or excluding others can occur. Negative Consequences: This favoritism can create internal tensions, foster a toxic environment, and demotivate employees who feel marginalized or undervalued. It can also harm overall performance and organizational culture.